vendredi 27 novembre 2009

La malédiction de Belrag

Depuis l'apparition de Dame Sahel, la douleur sourde et lointaine ne quittait plus son corps. Rappel de sa contamination, rappel de son aliénation, rappel du destin à la flamboyance bleue, funeste et dorénavant inéluctable, qui avait déjà emporté presque tout le clan.

Belrag soupçonnait confusément que la douleur témoignait au moins en partie de son refus viscéral de son nouvel état, mais la nuance n'avait guère d'importance puisque la saloperie qui l'habitait était, elle, bien réelle; puisque la nécessité de s'en exciser était absolue.

Encore fallait-il qu'un moyen de le faire exista.
A défaut, Belrag avait déjà accepté l'idée de rejoindre les ancêtres du clan avant que l'ultime déchéance ne s'empare de lui.

mardi 24 novembre 2009

Bande Annonce II - 1

Les souvenirs concernant Gardesort sont encore frais dans vos esprits. Les oracles de Dame Saharel résonnent comme des promesses.

Vous jetez un dernier coup d'oeil sur la citadelle qui a depuis retrouvé son calme. Les forces qui ont oeuvré pour le bien ou pour le mal n'ont plus de raison de se combattre en ce lieu. L'Oracle est libre.
Seuls ceux qui cherchent à obtenir des réponses sur leur vie espèrent encore pouvoir la rencontrer.

Quelques jours plus tard.

Ralio, d'un pas vif et alerte, vous mène vers Point de Sable.
Vous semblez tous animés d'une terrible envie d'aller vers l'avant. Que de potentielles promesses ! Que de découvertes en perspective !

Vous venez de quitter une ville de moyenne importance pour y refaire quelques provisions. Vous progressez dans une passe d'une petite montagne et entendez en contrebas des hurlements. Le spectacle qui s'offre à vous n'est pas très rassurant : une meute de loups attaque une carriole....

La suite samedi !!!!

dimanche 22 novembre 2009

Ralio de Vore

Je suis Ralio de Vore. Il y a un demi-siècle, le patronyme de ma famille était connu de tout l’empire du Néthéril: d’Orofin, de Rasilith, et jusqu'aux sommets de l'Enclave de Pénombre. Mais les années passèrent et le discrédit des Douze Prince s'abattit sur mes ancêtres dont les titres de noblesse furent peu à peu oubliés. Au fils des générations, ma famille se mêla aux peuples nomades des humains, et le sang des shadovar se dilua. Mon père enseignait la magie à Orofin. Il y dilapida le peu qu'il restait de la fortune familiale en onéreux manuscrits ou autres incunables, et passait le reste de son temps à courtiser les belles bédouines dans les vergers fleuris. Il ne me dit jamais rien sur ma mère, mais ce n'était pas difficile à imaginer. Comment aurait-il pu résister aux charmes d’une tiefeline, voire d'une érinye, entre les bras de laquelle un rituel téméraire l'aurait conduit? Je vécus mon adolescence à Orofin où j'étudiais la religion et la magie, d'abord sans grand enthousiasme. On disait que le nouvel empire néthérisse était une dictature cruelle et dangereuse. Mais la vie dans la Cité des Mages était douce et l'autorité des Douze Princes, si elle était présente, n'y était pas ostensible. L'activité culturelle et sociale bouillonnait et je fus attiré par les arts: la musique, la poésie, la comédie. Je jouais sur des scènes prestigieuses, fréquentais les cercles des nobles, des érudits qui se réunissaient dans de spacieuses villas. Le cercle des résistants aussi, car tous n'approuvaient pas le régime des shadovars. Mes poèmes devinrent des diatribes, mes couplets complaisants de plus acides pamphlets. Mon père mourut. Je ne sais si cela joua un rôle dans ma réconciliation avec la magie. Comprenant comment associer les arcanes et les arts, j'embrassai la carrière de barde. C'est à ce moment aussi que je fis la connaissance de Lydia, une meneuse dissidente, d'une grande beauté. Elle partageait mon lit et ma passion pour le théâtre. Nos pièces furent rapidement censurées. Nos représentations interdites se tenaient en secret. Puis à la révolte par les mots se succéda la révolte par les armes. Ce rôle de justicier me convenait. A ma propre surprise, faire couler le sang ne me dérangeait pas. Mes talents d'épéiste furent bientôt aussi aiguisés que mes invectives oratoires. Et pourtant je ne fus pas à la hauteur. Une nuit, Lydia fut capturée par la milice shadar-kaï. Sans l'ombre d'un doute, la sentence serait la mort. Mon sang de démon bouillait de haine et je dus bien en occire quelques-uns avant de renoncer. Je pris la fuite et quittai Orofin pour ne jamais y revenir.

Je devins nomade comme nos ancêtres bédouins et je parcourais les plaines nouvellement verdoyantes de ce qui était autrefois le désert d'Auroch. Je m'associais à une troupe itinérante; nous écumions les théâtres et les scènes des villages de Néthéril. La troupe était dirigée par le vieux Barvelius et portait d'ailleurs son nom. J'aidais le vieux à l'écriture des pièces et des spectacles. Nous attribuions les rôles titres à sa fille Mandoline et à l'amant de cette dernière. Quant à moi, je prenais soin de ne pas prendre le premier plan et je devais parfois dissimuler mon identité de peur que la milice ne me retrouve. Mes talents d'épéiste et d'arcaniste nous étaient précieux pour échapper aux dangers des contrées sauvages. Un été, nous avions fixé le cap vers le royaume annexé de Sembie. Nous prenions garde à éviter toute route commerciale. Alors que nous faisions halte pour la nuit dans d'anciennes ruines, je fus soudainement réveillé dans mon sommeil. Les relents d'une étrange fumée bleue remontaient à la surface, comme vomis par un trop-plein souterrain. La masse ectoplasmique avançait et détruisiait tout sur son passage, la végétation devint tortueuse, mouvante, suintante d'une sève bleutée. Mes amis cherchèrent à fuir mais une vague bleue déferla sur eux. Je les vis tomber au sol puis se tordre de douleur alors que leurs corps subissaient d'affreuses mutations. Leurs cris semblaient durer une éternité, puis se turent à jamais. Je choisis d'affronter le fléau. Mon expérience fut semblable à celle de mes compagnons, mais j'y survécu, et je compris. Avec le temps, je parvins même à contrôler ce stigmate, comme j'avais autrefois appris à contrôler mon sang de démon. J’atteignis donc seul la Sembie, et constatai rapidement les ravages de la corruption et de la criminalité qui y régnaient. Dans les rues de Daerlune, des affiches à l’attention des chasseurs de prime portaient les portraits-robots des dissidents de l’empire. Le mien n’était pas très ressemblant, et le faible montant de la prime était plutôt insultant à mon égard. Les espions du Nethéril étaient omniprésents, et, à défaut des chasseurs de prime, je craignais que la milice ne retrouve rapidement ma trace. Je quittai la Sembie par la mer, m’embarquant sur un esquif marchand en partance pour Port-Ponant. Barvelius, qui avait beaucoup voyagé, m’avait appris que la Côte des Dragons était l’endroit idéal pour se faire oublier…

A Port-Ponant, je fis la connaissance de Cyrdak Drokkus. Il m’offrit le gîte et un emploi dans son théâtre. Le gérant était porté sur la gente masculine, et s’est sans doute à cause de mon physique et de mon charisme aventageux qu’il m’aborda initialement. Une mise au point s’avéra donc nécessaire. Nous restâmes cependant très bons amis. Nos spectacles dramatiques étaient populaires, même si le public manquait parfois de raffinement. Cyrdak et moi écumions souvent les tavernes après les représentations. C’est ainsi, qu’après une soirée de beuverie, nous nous retrouvâmes tous les deux ivres et nous tombâmes dans une embuscade des Couteaux Enflammés. Cette organisation de mauvaise réputation était impliquée dans de nombreux trafics, fourrait son nez dans les vieilles histoires, et tirait les bénéfices de chantages très lucratifs. Ils n’avaient donc pas choisi leurs cibles au hasard. Je suspectais qu’ils n’aient découvert mon passé de dissident et résolu d’en tirer profit. A moins simplement qu’ils ne trouvaient les recettes du théâtre trop confortables à leur goût, et souhaitaient nous alléger d’une fraction de ce fardeau. Il est enfin possible que Cyrdak ne se fût attiré quelques ennuis. Mon ami restait discret sur son passé et il ne m’interrogeait pas sur le mien, ce qui me convenait tout à fait. Les bandits de l’ombre n’avaient pas compté sur mes talents de combattant. Si nous réussîmes à résister à quelques hommes, que faire contre une guilde toute entière? Nous quittâmes donc la ville le lendemain. Encore une fois, je fuyais. Cyrdak connaissait un village côtier plus à l’est, nous y serions en sécurité. C’est ainsi que j’arrivai à Point de Sable, où je devais rester quelques années. Bâti sur d’anciennes ruines par quatre familles pionnières d’artisans, le petit port enclavé était isolé et paisible. A l’exception de quelques altercations avec les tribus de créatures humanoïdes qui se terraient dans les forêts alentours... et bien sûr à l'exception des tragiques événements qui survinrent peu après mon arrivée. Vingt-cinq victimes retrouvées mortes dans des circonstances inquiétantes. Le père Ezakien retrouvé mort dans l’incendie de son Temple. J’avais bien connue sa fille adoptive, la très jolie petite Nualia. Malgré son jeune âge, elle me rappelait un peu ma Lydia, sans doute à cause de sa beauté autant que pour son impétuosité. La jeune fille disparut peu après, noyant son désespoir dans une fuite éperdue, comme je l’avais fait moi-même. Les événements se conclurent par le suicide de Jervis, un ermite rêveur ; faute de meilleure explication, on finit par lui attribuer tous les méfaits. Puis les années passèrent, et on oublia ce que l’on appelle aujourd’hui «les mauvaises surprises» de Point de Sable.

Je me réveillais un matin en proie à un affreux cauchemar, et avec d’affreuses douleurs. Dans mon rêve, mes peurs d’autrefois et mes anciens ennemis étaient venus me hanter. Je revoyais en songe mes regrets, mes actes manqués, mes joies et mes amours perdus. Et je fuyais... J’étais maintenant éveillé, mais mon corps était recouvert de flammes bleues qui me démangeaient aux endroits de mes anciens stigmates. Je pris conscience que j’avais passé ma vie à accumuler les questions, les regrets, et à fuir mes combats, fuir mes idéaux, fuir mon destin, fuir ma nature. Je compris qu’une vie d’ennui dans une petite ville perdue ne me ferait rien oublier de mon passé, malgré le passage du temps. Je me résolu d’affronter mes démons, de partir en quête de réponses, et quête de sens. Je dis au revoir à Cyrdak et à mes amis, et je repartis à l’aventure, rebroussant chemin vers le nord-ouest, vers le Néthéril. Bientôt j’entendis une rumeur, à propos d’un oracle qui aurait des réponses, au cœur des anciennes ruines de Gardesort. On me rapporta les légendes associées au lieu; on évoqua le nom de Dame Saharel. Après tout, c’était possible. Je coupais à travers montagnes et marais. Au bout d’un long voyage, j’atteignis enfin l’endroit mythique. Des moines y avaient érigé un monastère. D’autres groupes était aussi venus pour l’oracle. Au début, mes recherches furent vaines et je commençais à perdre espoir, noyant mes illusions dans l'alcool local des moines. Puis un groupe de héros arriva au monastère. Je ne le savais pas encore, mais à ce moment précis, mon destin allait prendre une toute nouvelle tournure. Ensemble, tout devenait possible. Nous allions libérer Gardesort de la menace shadar-kaï, prendre d’assaut la Tour du Sceptre occupée par nos ennemis, mener une grande bataille épique contre leurs armées, et libérer l’esprit de Saharel. Et nous fûmes en effet victorieux. Les révélations de l’oracle me désignèrent comme guide pour le groupe de héros. Rien n’était du au hasard: ma destinée me rappelait à Point de Sable…

lundi 16 novembre 2009

Résumé séance 10 - L'oracle de Dame Saharel

séance du 14 novembre 2009

Immédiatement après leur victoire contre Thoran, chacun s'affère dans le laboratoire avec un certain empressement. Aranis, ayant appris qu'Hanna se bat encore à l'extérieur, prend congé de ses compagnons pour lui porter secours. Téline dépouille le cadavre de leur ennemi de ses armes et de son armure. Il est surpris de n'y trouver aucun morceau d'albâtre pour compléter la clé arcanique en sa possession. Paélion commence à étudier le rituel. La magie est déjà à l'oeuvre mais l'exécution est incomplète notamment à cause de l'absence de la dernière colonne sur le cercle. Il reconnait des runes d'invocation et de contrôle ainsi que certains symboles faisant référence aux esprits. L'association de la quintessence arcanique et du pouvoir brut de la Magepeste est un mélange instable. Il faut faire vite. Elessar fouille frénétiquement les manuscrits et les notes laissées en vrac sur les grandes tables du laboratoire. Il pensait y trouver les explications sur le rituel en cours, mais doit se résoudre à l'évidence: si de telles notes existent, elles ne sont pas ici, peut-être dans les appartements de Thoran... Namnam délivre le malheureux père Allendi prisonnier, et lui prodigue les premiers soins. Le moine, sans doute encore sous le choc, est avare en explications sur ce qui vient de lui arriver. Il répond aux questions des héros en économisant ses mots, dit qu'il croit que la chambre de Thoran est à l'étage inférieur, que sa geôle était au dessus, qu'ils l'ont descendu ici, qu'il ne sait pas pourquoi, qu'il ne sait rien sur le rituel, ni sur les morceaux d'albâtre. Le père Allendi évite les regards, n'appelle personne par son nom. Alors que son étrange comportement commence à éveiller les soupçons, l'homme se transforme et dévoile sa vrai nature. Quand l'illusion se dissipe, les héros se trouvent nez à nez avec un effrayant rôdeur de nuit oni à la peau vert pâle et épaisse, aux yeux jaunes, et aux cornes recourbées.

L'imposante créature projette un souffle hypnotique sur les héros. Surpris et groggy par cette attaque, ils tentent une première riposte qui manque d'efficacité. Téline et Elessar ne résistent pas au sortilège, et sombrent dans un sommeil magique. L'oni se fraye un passage jusqu'au voleur inconscient et aspire son énergie vitale. Nannam se précipite au secours du malheureux. Belrag multiplie passes d'armes acrobatiques et dévastatrices contre l'oni, obligeant ce dernier à concentrer son attention sur lui. La créature fait tournoyer un morgenstern au dessus de sa tête. L'arme frappe Namnam puis Belrag avec une violence qui aurait facilement fait reculer n'importe quel autre combattant d'un bon mètre. Mais les deux nains encaissent les coups sans céder un seul pas à leur ennemi. Paélion parvient à se mettre à l'écart, et entame une succession de sorts de flammes. Malgré son acharnement, l'ogre résiste à tous ces brasiers arcaniques. Téline se relève enfin et, agissant de concert avec Belrag, parvient à infliger de lourdes blessures à l'ennemi. L'oni, en péril et acculé, se dégage de cette mauvaise posture en renversant et brisant le mobilier sur son passage. Il fait encore appel à son souffle hypnotique, mais le maléfice s'avère cette fois bien moins efficace. Namnam prend un peu de distance et soutient Belrag et Téline en invoquant à distance le pouvoir des esprits. Dans une ultime fourberie, l'oni se change en une masse gazeuse et tente de s'élever au dessus de la mêlée. Mais les lames des combattants sont plus rapides et parviennent à achever le monstre malgré son état immatériel. Le corps inerte du rôdeur de nuit oni retombe au sol puis disparaît. Paélion comprend que la créature était en réalité invoquée. A l'emplacement du cadavre, Téline remarque une série de petites plaques d'albâtre montées sur une chaînette en argent.

Un certain calme est retrouvé dans le laboratoire, mais le rituel est toujours très instable, et les héros doivent agir vite. Namnam s'intéresse à l'escalier qui conduit à l'étage supérieur. Derrière une trappe en bois, la petite shaman entend des bruits de combat, des entrechoquements de métal, le son caractéristique de cordes d'arc relâchées. Qui que soient les occupants du dessus, ils sont trop occupés pour avoir repéré les héros, malgré les récents événements. Ces derniers décident donc de redescendre dans les étages, à la recherche des appartements de Thoran. Un verrou arcanique interdit l'accès à la chambre, mais Téline parvient aisément à l'ouvrir maintenant qu'il possède une série complète des morceaux d'albâtre. Une fois à l'intérieur, le voleur s'empare du trésor personnel du maître des lieux. Paélion et Elessar, quant à eux, s'intéressent aux papiers du shadar-kaï. Ils mettent en particulier la main sur ce que cherchait le conseiller: les notes sur le rituel du laboratoire. Paélion fait appel à la magie de compréhension de langues pour pouvoir déchiffrer les manuscrits néthérisses. Malgré cela, les notes sont confuses, écrites à plusieurs mains -probablement les arcanistes gnomes alliés de Thoran- et il faudra un peu de temps aux deux érudits pour en comprendre le sens précis.

Pendant ce temps, Belrag, Namnam et Téline décident de retourner dans les étages inférieurs. Ils sont surpris de trouver le réfectoire complètement vide. Ils supposent que les occupants ont précipitamment été appellés en renfort. Il dégainent donc leurs armes, et se précipitent encore plus bas, dans le grand hall d'entrée de la Tour du Sceptre, dont la grande porte est ouverte. Les gnomes du réfectoire ont rejoint des gardes ettercaps qui tentent de barrer l'entrée à un groupe d'assaillants. Les héros reconnaissent le tieffelin Ralio de Vore, l'elfe Hanna et les halfelins Darano. Du haut des remparts de la tour pleut un déluge de flèches. Aranis est déjà sur les lieux. Non content d'avoir ouvert la grande porte et permis l'assaut de ses alliés, le rodeur elfe s'est frayé un passage vers l'extérieur, et tente d'abattre les archers ennemis de ses propres flèches en dépit de la distance et la difficulté. Grâce au renfort inespéré des héros, le combat tourne court, et les ennemis sont facilement éliminés ou maîtrisés. Mais Ralio leur explique que d'autres combats font rage à l'extérieur. Soeur Cherra, Millek la grive et les moines affrontent ce qu'il reste de l'armée de Thoran. Le prince drakéïde Vanak et sa suite, Thurr Gargengrim et les marchands nains, s'opposent quant à eux au sombre Clousoro et sa bande de mercenaires. Les artilleurs de la tour constituent une réelle menace pour les groupes alliés devant se battre dans de telles conditions.

Les héros remontent alors les marches quatre à quatre, expliquent la situation à Pélion et Elessar qui leur emboîtent le pas, et foncent tous ensemble vers le chemin de ronde. Ils font irruption dans une vaste armurerie, où quelques escobars gnomes en armure s'entraînent en attendant les ordres. Belrag lance le cadavre de Thoran au milieu de la pièce. Paélion leur explique que leur maître est mort, et leur intime de se rendre. Les petites créatures n'ont guerre confiance et tentent de négocier. Les héros leur promettent la vie sauve et les gnomes rendent enfin les armes. Ralio et Hanna les raccompagnent à l'extérieur, afin de s'assurer que les escobars ne se rebelleront pas une fois dans le dos des héros. Belrag, Namnam, Téline, Paélion et Elessar pénètrent dans la salle encombrée de caisses en bois, de mannequins d'entrainement, et de râteliers. Soudain, des carreaux d'arbalette jaillissent de derrière ces cachettes où d'autres gnomes s'étaient dissimulés. Belrag et Téline les prennent en chasse, mais à peine les créatures sont-elles touchées qu'elles se rendent invisibles et fuient vers le chemin de ronde extérieur. Une porte, intérieure cette fois, s'entrouvre à cet instant. Des petits cris aigus s'en échappent. Sans même prendre le temps de savoir de quoi il retourne, Elessar incante un sort d'explosion de givre. La porte éclate à la volée sous l'impact du pouvoir, révélant un groupe de kobolds. Sans armes, ni armures, vêtues de haillons, les créatures reptiliennes sont enchaînées les unes aux autres. Trois sont mortes sur le coup; leurs cadavres couverts de givre encombrent le sol. Les héros comprennent rapidement que les kobolds ne sont que des prisonniers que Thoran n'est pas parvenu à convaincre de rejoindre ses rangs et ils conviennent que ces derniers ne constituent pas une menace. Le reste de l'étage constitue d'une cellule, et d'un poste de garde désert. Dans un coin, entre des tonneaux éventrés, de vieux coffres, et de nombreux débris, le père Allendi, prisonnier, est maintenu enchaîné. Les héros foncent vers le chemin de ronde et décident de se séparer. En plus des gnomes, ils tombent nez à nez avec des rampants obscurs armés d'arcs courts. Ainsi divisés, les héros sont peu efficaces. Namnam a forte affaire contre deux adversaires qui tentent de l'attaquer à distance malgré la présence protectrice de son ours spirituel. Paélion invoque un nuage de fumée qui plonge plusieurs adversaires dans d'opaques vapeurs toxiques. Cette démonstration de puissance incite les petites créatures à prendre l'eladrin pour cible. Deux araignées se laissent tomber sur Belrag depuis les étages supérieurs. Le nain en prise avec ses créatures n'est pas en mesure de défendre efficacement son ami magicien. Paélion tombe, criblé de flèches et de carreaux. Téline ne parvient pas non plus à trouver une position vraiment avantageuse pour faire usage de ses coups sournois. Elessar parvient à pousser un rampant obscur par dessus les remparts. En représailles, il est rapidement pris pour cible et acculé dans un angle de l'armurerie. Le combat est mal engagé pour les héros. Mais la chance finit par tourner. Paélion reprend ses esprits, se téléporte à bonne distance où il peut de nouveau faire usage de sa magie. Les coups de Belrag et Téline deviennent plus sûrs. Les créatures arachnéïdes sont éliminées, et les premiers rampants obscurs commencent à tomber. Malgré l'aveuglement provoqué par l'explosion ténébreuse de leur trépas, les deux combattants continuent de se battre férocement. Ralio rejoint alors la bataille, sa rapière et ses chants mélodieux viennent au secours d'Elessar. Les ennemis sont bientôt forcés de se battre au corps à corps et les gnomes perdent l'avantage de leur dissimulation. Les héros se regroupent et unissent leurs forces face à leurs derniers ennemis. Enfin, les rampants sont anéantis et les gnomes se rendent.

Les dernières défenses de la Tour du Sceptre viennent de tomber. Mais tout n'est pas fini pour autant car il reste à neutraliser le rituel. D'après les études de Paélion et Elessar, il aurait permis à Thoran d'invoquer et contrôler Dame Saharel pour s'approprier ses pouvoirs. Plusieurs options se présentent aux héros. Détruire purement et simplement le rituel: il s'en suivrait une terrible déflagration qui annihilerait probablement l'esprit de Dame Saharel, et pourrait même détruire la tour toute entière. Défaire pas à pas le rituel en faisant marche arrière sur les étapes de sa construction: son état actuel d'avancement et son caractère instable rendent cette option extrêmement périlleuse. Ammener le rituel à son terme et emprisonner l'esprit de Dame Saharel dans l'orbe magique qui ferait office de réceptacle: probablement l'option la plus aisée, compte tenu qu'elle ne nécessite pas de modifier le rituel. Modifier le rituel, de sorte à invoquer Dame Saharel mais pour lui rendre sa liberté: compromis possible entre la difficulté et les objectifs des héros. Pour ces deux dernières options, la dernière colonne d'albâtre s'avèrera nécessaire. Laissant Paélion, Elessar et Allendi commencer les préparatifs du rituel, les autres héros partent chercher la colonne. La discussion continue à huis clos entre les experts. Elessar milite pour l'emprisonnement de Saharel. Selon lui, cette créature n'est plus rien d'autre qu'un sharn, véritable monstre de la Magepeste, qui constitue une menace tant qu'elle n'est pas contrôlée. Il explique que c'est en outre l'option la moins risquée et que la fin justifie les moyens. Il encourage ses interlocuteurs à réfléchir à plus long terme, à voir au delà de cette première bataille contre le fléau de la Flamme Bleue. Allendi n'est pas de cet avis mais ses arguments sont trop teintés des préceptes arbitraires de Kuryon pour être réellement convaincants. Paélion, initialement de l'avis de rendre sa liberté à Dame Saharel, se laisse peu à peu convaincre par le conseiller de l'Ordre de la Flamme Bleue. Lorsque les autres héros reviennent, les trois arcanistes ont déjà débuté leurs incantations. Paélion leur explique brièvement la situation. Belrag s'oppose farouchement à la décision prise par les lanceurs de sorts, et menace de détruire le rituel, même si cela devait lui être fatal. Téline, bien que de tempérament moins suicidaire, se range à ses côtés. Heureusement, Namnam parvient à calmer le jeu et instaurer de nouveau un dialogue. Finallement, les héros convainquent Elessar: le rituel sera donc modifié. Tous sont mis à contribution: les uns dressent la colonne d'albâtre, les autres peignent des motifs et dessinent des runes selon les instructions des arcanistes, et enfin ces derniers exécutent le rituel proprement dit. Leur succès est mitigé: au prix d'un extrême effort de concentration, ils parviennent à invoquer et libérer Dame Saharel, mais ne réussissent pas à canaliser l'énergie de Magepeste dégagée, qui a défaut de réceptacle, irradie dans tout le laboratoire avec une intensité bleue aveuglante. Pour Namnam et Belrag, la douleur est insoutenable. Ils mobilisent leur force d'âme et leur vigueur pour résister à cette irradiation. Les deux nains ont certainement évité d'horribles transformations mais n'en sortent pas sans sequelles: ils possèdent désormais eux-aussi un stigmate latent, la marque invisible de la Magepeste.

La forme fantomatique de l'esprit de Dame Saharel est maintenant bien visible au centre du cercle magique: une femme sans âge, dans une longue robe blanche et usée. Elle remercie les héros pour leurs actions et leurs décisions, pour ce qu'ils ont fait pour Gardesort et sa gardienne, pour ce qu'ils ont fait pour les Royaumes Oubliés. Même si la légende a probablement exagéré l'omniscience de ses pouvoirs, Dame Saharel leur confirme ses dons de divinations, et leur offre à chacun une prédiction. La question de Téline et la réponse obtenue resteront un secret, car il n'en fait pas part à ses compagnons. Les questions de Namnam et Belrag portent sur la Magepeste: comment luter contre le fléau, comment se débarasser des stigmates?Les réponses de Saharel sont pour le moins énigmatiques: "Le chêne ou le roseau. L'un se courbe sous le vent, l'autre est profondément ancré contre les intempéries. Les concordants connaissent le secret de la purification. Il faudrait gagner leur confiance, négocier peut-être. Ou encore aller au devant de vos ennemis, les défier, et comprendre. Prenez garde: l'air qui sait souffler la flamme est aussi celui qui la nourrit." Elessar s'intéresse au même sujet, cherchant à savoir où la Flamme Bleue est la plus menaçante. Par la missive que Dame Luneflamme avait remise à Zeloth, la noble elfe s'inquiète également d'une menace, et cherche à s'assurer la fidélité de ses conseillers pour y faire face. "La menace, oui, je la sens aussi. Elle vient de l'est. Un village et quatre familles. Une autre tour, un autre phare, et d'autres ruines. Une histoire si semblable et si différente. Un serpent aux écailles bleu métal rampe sur les rochers. Une chauve-souris déploie ses ailes. Ses yeux sont bleus, aussi. Les deux créatures se battent dans un combat frénétique. Des bruits de pas résonnent, des formes sombres projettent des ombres longues et déformées. Au loin, le carillon d'un temple d'Amaunator sonne le lever du soleil. Fidélité? Confiance? Devant la menace, tous seront rassemblés." La question de Paélion est plus théologique et porte sur la déesse Mystra elle-même. "Que vois-tu dans les flammes? J'y vois l'agonie d'une déesse. Crois-tu qu'un dieu puisse totalement mourir et disparaître à jamais? J'ai enseigné autrefois à Kuryon que ce qui semblait détruit pouvait être reconstruit? Ce qui est mort peut être ressuscité. Déjà tes semblables réapprennent les secrets des arcanes de cette nouvelle donne." La question de Ralio est plus personnelle. En quête de sens et d'identité le barde tieffelin s'interroge sur sa destinée. "Les gouffres les plus profonds sont au pied des sommets les plus hauts. Tu es le roseau qui se plie sous le vent, tu es le torrent qui serpente, tu es aussi l'étincelle qui brille dans les ténèbres. Mais je ne crois plus au hasard. Tout est écris devant moi, et je puis le lire clairement. Tu seras leur guide, deviendra leur ami. Puis à leur tour, ils te montrerons la voie, et grâce à eux, tu trouveras ce que tu cherches."

La forme fantomatique disparaît. Dame Saharel ne fera peut-être plus son apparition avant longtemps. Les héros ont obtenu des réponses, mais ressentent aussi un léger sentiment de frustration, car ces réponses soulèvent à leur tour de nouvelles questions. La fin d'une aventure laisse présager le début d'une quête plus épique encore...

jeudi 12 novembre 2009

Bande annonce de la séance 10

Thoran est vaincu.

Mais toutes les menaces ne sont pas éliminées. Des combats font rage dans les ruines extérieures, et les alliés des héros se battent encore contre des factions ennemies... Vont-ils sortir vainqueur de cet ultime affrontement? A l'intérieur de la Tour du Sceptre, les héros ont épargnés quelques lieutenants et créatures de Thoran; les étages supérieurs de la Tour restent inexplorés et réservent peut-être de mauvaises surprises. Les aventuriers vont-ils chercher à négocier ou simplement éliminer les ennemis restants?

De sombres secrets et d'impénétrables mystères planent encore sur cette histoire. Quel était finalement le dessein de Thoran? Le Père Alendi, prisonnier de ce dernier, et enfin libéré, a-t-il appris quelque chose à ce sujet? Elessar va-t-il enfin s'expliquer sur ses véritables motivations, et retrouver la confiance de héros? Un rituel est en route, partiel et instable. Que faire pour le stabiliser, le détourner, ou simplement l'arrêter? Quels dangers pour Dame Saharel, pour tous les habitants de Gardesort? L'Oracle va-t-elle survivre ou succomber à ce sortilège?

Les héros rencontreront-ils enfin l'Oracle qu'ils sont venus trouver? Le cas échéant, quelles questions poseront-ils à Dame Saharel, et quels indices, quelles prophéties, obtiendront-ils? Où ses réponses les conduiront-elles? Et si tout cet épisode n'était en réalité que le commencement d'une longue quête qui devait mener les héros vers leur épique destinée et au devant d'aventures plus palpitantes encore …

Vous le saurez en participant au dixième épisode des Chroniques de la Flamme Bleue!