mercredi 29 février 2012

Larien Tinúviel

« Encore un », pensa Larien Tinúviel alors que les diacres faisaient entrer une nouvelle victime. Le temple de Sélûné où elle officiait commençait à prendre des allures d'hospice. L'Ordre de la Flamme Bleue les avait convaincu, elle et les notables de Sildëyuir, d'accueillir les pestiférés en Féérie. De ce côté du voile, la majestueuse cité de verre et la forêt aux reflets d'argent avaient été épargnées par la Magepeste. Sur le plan matériel, en revanche, la péninsule d'Aglarond avait subi le cataclysme de plein fouet. Le Bois de Yuir n'était plus qu'une friche d'épouvante corrompue par une énergie bleue vile et indomptable. Mais les nostalgiques d'une époque révolue, les chercheurs avides de richesses ou de pouvoir, les malheureux qui fuyaient les royaumes voisins, ou simplement les inconscients et les imprudents, finissaient toujours par s'y aventurer. La plupart disparaissaient ou mouraient. Les moins chanceux étaient affublés de terribles stigmates. « Celui-ci survivra, mais à quel prix », se dit la prêtresse en observant l'homme qu'on lui avait apporté. Au court de ces dernières années, on avait attribué à Larien Tinúviel de nombreux qualificatifs : étoile de Sélûné, héroïne d’Undumor, archère de Sildëyuir, ou simplement elfe aux cheveux d’argent. Mais toutes ces louanges n’y faisaient rien. Tous les faits épiques auxquels elle avait participé semblaient ne plus compter. Même ses plus grands talents de guérisseuse n’y suffisaient pas. Elle se sentait bien impuissante devant le fléau de la Magepeste.


La prêtresse chercha conseil auprès des sages de Sildëyuir, mais ne trouva aucune réponse satisfaisante. L'Ordre de la Flamme Bleue n'avait pas de réponses, ou bien estimaient-ils imprudent de les partager... Elle envoya missives et messagers dans tout Féérûne. On lui parla d’un certain Ralio de Vore qui menait des recherches à Port-Ponant. Elle communiqua par rituel avec d'autres communautés elfes et éladrines de Féérie. Dans la forêt de Gulthandor, Calénon Súrion lui rapporta des événements tragiques. Le phénomène qui sévissait en Aglarond n'était pas isolé. Partout la Magepeste étendait son influence. Puis Larien Tinúviel eut recourt à la divination et la prière pour obtenir des réponses. Et Sélûné lui répondit. Dans l'eau miroitante d’une vasque consacrée, des images lui furent révélées. Elle vit une armée de créatures hideuses, géantes, sans vie, abominables, descendre des montagnes sur des langues de Magepeste déroulées devant eux comme autant d’improbables tapis tissés des fils bleus de la corruption. Elle vit les villages et les villes des hommes dévastés. Elle vit les rivages de la Côte des Dragons recouvert du sang des massacres. Elle vit des pestiférés, encore et toujours. Elle sentit des créatures, des êtres, des choses - ou étaient-ce des dieux - se nourrir de cette haine, de ce chaos. Mais elle comprit. Elle sut quel était son destin. Elle comprit que Sélûné serait à ses côtés. Elle sut que d'autres s'étaient fixé la même mission.

C’est un soir de pleine lune, au coeur de l’hiver, que Larien Tinúviel débuta son nouveau périple, celui qui donnerait un sens à sa vie, celui qui serait peut-être le dernier. « Sélûné, mère des mondes, puisses-tu veiller sur nous, de ton clair de lune protecteur. » Après cette dernière prière, elle quitta le temple et fit ses adieux. Elle revêtit son armure bleu-argent, et sa cape azurée. Elle rangea son bréviaire et un livre de prière avec quelques autres possessions dans un petit sac de cuir. Puis elle se saisit de son arc sacré, en bois de cèdre et aux enluminures d’argent. Elle franchit les portes de Sildëyuir, quitta la Féérie, et retourna en Aglarond. S’éloignant des sombres régions infestées du Bois de Yuir, elle atteignit les villages forestiers des communautés demi-elfes. Après une courte halte, elle poursuivit vers l’ouest, vers les régions côtières des hommes. Elle entra à Veltalar quelques jours plus tard, à la levée du jour. Le manoir vert pâle des simbarches dominait la ville. Elle lui tourna le dos et se dirigea vers le port.

Il y avait plusieurs navires en partance pour Port-Ponant. L’équipage du premier était composé de malfrats associés aux Couteaux Enflammés. Le quartier maître du second tentait vivement de justifier auprès de l’autorité portuaire de la légalité de sa marchandise de contrebande. Le troisième vaisseau fut plus à sa convenance. Il appartenait à Liu Neng, un riche marchand d’origine shou. Tout l’équipage était également shou. Ils avaient l’air honnête. Malgré leurs différences, l’elfe à la peau pâle et la chevelure d’argent n’eut pas grande difficulté à embarquer parmi les orientaux au teint jaune et aux cheveux de jais. La traversée dura plus d’une semaine. Les températures étaient froides. Ils durent même plier les voiles au large de Gulthandor alors qu’une pluie de grêle s’abattit sur eux. Le reste du temps, le climat fut plus clément malgré sa rigueur hivernale, et le ciel resta dégagé. La prêtresse passa la majorité de ses soirées et une partie de ses nuits à contempler les étoiles et la lune en priant. Puis, enfin, les piliers titanesques du pont en ruines de Port-Ponant se dessinèrent à l’horizon. Cette vision qui d’ordinaire provoque l’euphorie chez un équipage de marins rentrant au port, n’ébranla pas la sérénité des shous. « Nous atteindrons nos humbles demeures avant le soleil couchant » expliqua poliment Liu Neng.

A Port-Ponant, Larien s’installa dans le quartier des Marches. Elle conserva des liens avec la communauté shou. Ils étaient respectés du peuple. Les agissements d’un groupe d’orientaux nommé les Neufs Epées d’Or y étaient pour beaucoup. La prêtresse se présenta ensuite aux temples principaux de la ville, prit contact avec les autorités religieuses. Plus tard, elle enquêta sur la Magepeste. On lui relata de biens sombres histoires. Et le nom de Ralio de Vore vint de nouveau à ses oreilles. On le décrivait comme un barde, un tieffelin, originaire du Néthéril à ce qu’on disait. Il était connu ici. C’était un artiste de renom, autrefois. Mais on disait qu’il avait beaucoup changé. Selon les rumeurs, il étudiait la Magepeste. Et on ne le voyait plus, on disait qu’il avait quelque chose à cacher. En mentionnant son nom, l’elfe failli s’attirer les foudres de ses amis shous. En effet, les Neufs Epées d’Or s’opposaient publiquement aux exactions des Couteaux Enflammés, et ce Ralio de Vore semblait s’en être acoquiné. L’archère de Sildëyuir dut alors user de diplomatie, de discrétion et de ruse, pour parvenir enfin à rencontrer le barde néthérisse. L’entrevue fut de courte durée. Le tieffelin disait craindre pour sa vie, mais il ne s’expliqua pas tellement davantage. Il demanda simplement « Trouvez les héros de Point-de-Sable », puis il disparut.

mardi 21 février 2012

A l'aide !

Nos héros se reposèrent un jour au Bac-de-la-Tortue avant de repartir en direction de Point de Sable à dos d'aigle. Le voyage de trois jours se déroula tranquillement et bien que fatigués, les aigles volèrent d'une traite jusqu'à leur destination.

Ils atterrirent près de la vieille tour effondrée et très vite, les habitants leurs firent une arrivée triomphale. Les héros étaient de retour. On leur fit pleins de petits présents pour leur remercier d'avoir sauvé le village d'une invasion humanoïdes.
Dans l'assistance, Larien, une elfe étrangère au village regarda la scène avec intérêt. Elle désirait rencontrer les amis de Ralio de Vore. Ce mystérieux Tiefflin sur les traces des origines de la Magepeste lui avait conseillé de retrouver Paellion, Belrag, Bitul, Enora et NamNam. Cette rencontre avait eu lieu dans une des étroites rues de Port Ponant quelques jours auparavant.
Elle attendit que les aventuriers se soient rendus à l'auberge du dragon rouillé avant de les aborder. Ses motivations étaient claires : aider les héros à éradiquer la Magepeste qui ravageait ce monde.
Connaissant ses raisons, les héros ne firent aucune difficulté à l'intégrer à leur groupe.
Ils décidèrent de repartir le lendemain vers Port Ponant pour aider Ralio. La fête n'aurait lieu que d'ici une bonne semaine, ils avaient le temps de s'occuper de son affaire.
Ils partirent à cheval, tandis que NamNam resta pour soigner les aigles et aider le village à s'organiser.

L'atmosphère à Port Ponant n'avait pas vraiment changé depuis leur dernier passage par cette ville gigantesque. Ils prirent contact avec les Couteaux Enflammés et notamment Kap Carlonei, un des membres qu'ils avaient déjà eu l'occasion de rencontrer. Ils se retrouvèrent à la même auberge que la dernière fois.
Kap arriva au sein d'un petit groupe d'hommes d'armes. Il était flanqué de deux aides, une femme manifestement magicienne et un homme dont les qualités étaient difficilement identifiables.
Kap leur expliqua que Ralio avait peut être été enlevé par un groupe de nains sauvages et pestiférés dans le quartier du port, sans vraiment comprendre les motivations de ceux-ci. Cet évènement avait eu lieu une petite semaine auparavant, quelques jours après l'envoi de son message. Un corps de nain avait été retrouvé près du dernier endroit connu où Ralio passait du temps.

Manifestement Ralio servait d'encaisseurs de dettes impayées pour le compte des couteaux enflammés, s'étant rachetés une conduite. Les héros cherchèrent à en savoir plus, mais les réponses de Kap semblaient prouver que ces nains étaient à l'origine de cet enlèvement.

Ces nains vivaient sur une île au nord de Port Ponant, à une petite journée de bateau. Ils avaient été entassés suite à la Magepeste mais quelques membres avaient réussi à survivre malgré le fléau qui les atteignait.
L'île faisait partie d'une petite archipel sur lequel. Deux des îles étaient à l'état sauvage, deux étaient habitées par les nains pestiférés et la dernière abritait une petite ville de pêcheurs qui servait aussi de base arrière aux couteaux enflammés (d'après les dires de Kap)

Kap leur mit à disposition un petit bateau avec tout un équipage. Celui ci était composé d'un capitaine qui connaissait son affaire, d'un second qui s'avéra être un vampire et d'une équipe de matelots à la mine patibulaire. Durant le voyage, Enora sut gentiment repousser les avances d'un matelot sans déclencher de bagarres. Ce fut d'ailleurs le seul incident.

Arrivés à l'archipel, les aventuriers accostèrent sur le rivage de la première île. Un village récemment abandonné ne leur donna aucun indice sur la présence de Ralio. Ils pénétrèrent dans la forêt et atteignirent des fortifications derrière lesquelles s'étaient retranchés les nains pestiférés. Privilégiant la diplomatie à la force brutale, ils obtinrent la certitude que Ralio n'était sur aucune des deux îles. Ils repartirent et visitèrent néanmoins la seconde île sans plus de succès.

Ils décidèrent de rallier le petit port au bout de l'archipel. Les membres d'équipage changèrent le drapeau d'identification, manifestement pour indiquer que c'était des alliés.
Ils débarquèrent et se mirent en recherche d'intermédiaire, dont Kap avait donné le nom.
Après quelques recherches infructueuses, ils trouvèrent Yam yam, un pécheur qui les emmena de quartiers en quartiers. Ils arrivèrent finalement au bout d'une petite heure devant une belle demeure. Il pénétra dans la cour intérieure, suivi par les aventuriers.
Soudain, Yam yam s'enfuit, et des hommes d'armes sortirent sur la coursive surplombant la cour intérieure. Ils mirent en joue les héros et leur intimèrent l'ordre de jeter leurs armes.

Belrag n'entendit rien à cet ordre et déclencha les hostilités. Une courte lutte pendant laquelle Paelion préféra assommer ces adversaires prit place jusqu'à ce que Ralio se montra pour arrêter le combat. Il s'avança vers ces compagnons et les salua, surpris par leur présence sur cette archipel.
Enora lui montra la lettre, mais Ralio leur indiqua qu'elle n'était pas de lui. Des fautes d'orthographe et sur les noms propres émaillaient cette lettre, et qu'il savait suffisamment bien écrire pour ne pas faire ce genre d'erreurs.
Ce fut le moment choisi par les assassins pour frapper. L'attention s'était relâchée et ils n'eurent aucune difficulté pour se débarrasser de la piétaille. Puis ils combattirent les aventuriers. Malgré l'effet de surprise et la présence d'un Bodag parmi eux, ils ne purent surpasser les héros.

Un des nains assassins pestiférés s'enfuit, un autre fut épargné, .
Nos héros l'interrogèrent. Il leur révéla qu'ils étaient une petite unité d'élite qui s'était cachée dans le bateau en attendant de pouvoir assassiner Ralio ainsi que tout le groupe. Ils avaient été mandatés par Kap Carlonei car Ralio avait contracté d'immenses dettes de jeux et plutôt que de les rembourser, il s'était enfui. Kap avait fait en sorte de faire croire à son enlèvement à Port Ponant pour que les héros le cherchèrent à le retrouver. Leur amitié aurait facilité le contact avec les personnes de l'île. Ils le firent prisonnier et se partirent vers le navire sur le port.
Celui-ci avait déjà pris la mer. Larien appela des montures ailées fantomatiques et ils entreprirent de pourchasser le bateau. Quand ils le retrouvèrent, celui ci était vide, mais une magie émanait de la coque. Paellion leur intima l'ordre de quitter le navire, pensant que celui ci avait été piégé pour qu'il coula avec eux à son bord.

Ils cherchèrent aux alentours parmi les bateaux de pêcheurs et de marchands du coin. Mais leur recherche fut infructueuse. Ils retournèrent sur l'île et y passèrent la nuit pour se reposer et panser leurs blessures. Enora fortement remontée contre les Couteaux Enflammés jura à ses compagnons qu'elle allait démanteler ce clan. Tous acquiescèrent ! Les Couteaux Enflammés allaient payer leur trahison !